CHAPITRE DEUX

Honor lâcha les anneaux et exécuta une sortie en saut périlleux. Elle était loin d'avoir la maîtrise d'une gymnaste professionnelle Mais elle se réceptionna presque parfaitement et salua son public avec une grâce extravagante — un public qui la contemplait d'un œil tolérant, confortablement perché sur les barres parallèles. Elle inspira profondément et passa les mains dans les deux centimètres de sa chevelure trempée pour en retirer la sueur. Puis elle s’essuya vigoureusement la figure dans une serviette qu'elle jeta sur ses épaules, avant de gratifier son spectateur d'un coup d'œil sévère.

« Un petit peu d'exercice ne te ferait pas de mal non plus », haleta-t-elle.

Nimitz répondit d'un balancement aérien de sa queue préhensile duveteuse, puis il poussa un soupir de soulagement en la voyant traverser les tapis pour atteindre le panneau de contrôle mural. Elle rétablit la gravité réglementaire de 1 g qui régnait à bord de tous les vaisseaux de la Flotte royale manticorienne et le chat sylvestre quitta précipitamment son poste d'observation. Il n'avait jamais compris pourquoi elle s'obstinait à régler la gravité lu gymnase au 1,35 g de son monde natal. Non que Nimitz fût paresseux, mais il était de l'avis fort simple que tout effort était un pensum et certainement pas un plaisir qu'on pouvait rechercher. Il considérait la faible gravité réglementaire des vaisseaux comme la plus belle invention depuis le céleri, et si vraiment elle devait faire de l'exercice, autant qu'elle se livre à des activités qui lui plaisaient également.

Il se rua dans les vestiaires et Honor entendit claquer la porte de son casier. Nimitz reparut alors avec un joyeux « blic ! » et elle eut juste le temps de lever la main pour intercepter devant son visage le disque de plastique qu'il avait lancé.

« Espèce de petit vaurien ! » fit-elle dans un éclat de rire, tandis qu'il gazouillait de plaisir en se dandinant sur ses quatre membres inférieurs et en ouvrant grand les pattes avant.

Elle rit à nouveau et lui renvoya l'antique frisbee. Il n'y avait pas assez de place pour lui faire décrire les trajectoires complexes qu'elle savait lui imprimer sur une planète, mais Nimitz eut un ronronnement enthousiaste. C'était un inconditionnel de ce jeu depuis le jour où il avait vu le père d'Honor — alors bien plus jeune — y jouer avec son golden retriever. Et contrairement au chien, le chat sylvestre avait des mains.

Honor rattrapa l'objet qui lui revenait en sifflant puis, dans un sourire, elle feignit de le renvoyer selon une trajectoire haute et incurvée pour en fait le propulser en ligne droite au niveau du genou... c'est-à-dire à hauteur de menton pour Nimitz. Celui-ci s'en saisit adroitement et se mit à décrire un cercle sur lui-même en se servant à la fois des pattes arrière et avant pour prendre de l'élan à la manière d'un lanceur de disque avant de lâcher le frisbee.

L'impact fut si violent qu'Honor en eut mal aux mains, et elle secoua la tête d'un air désabusé en renvoyant l'objet. Après toutes ces années, elle n'avait toujours pas réussi à le bluffer. Nul ne savait très bien comment fonctionnaient les sens empathiques des chats sylvestres, mais lorsqu'elle essayait de lui jouer un tour, ce petit démon le devinait immanquablement.

Pour sa part, elle ne pouvait pas en dire autant. Il imprima un effet vicieux à son jet suivant, qui arriva sur Honor comme un boomerang. Elle manqua le disque et eut juste le temps de plonger tandis qu'il passait à côté de sa tête et rebondissait sur le sol.

Nimitz précipita vers le frisbee, bondit dans les airs et atterrit directement dessus, triomphant, avant d'exécuter une danse de victoire improvisée.

Honor se redressa et hocha la tête, puis elle se mit à rire.

« D'accord, tu as gagné, lui dit-elle, les mains sur les hanches. Je suppose que tu veux ta récompense habituelle ? » Nimitz eut un signe de tête affirmatif et sa maîtresse poussa un soupir. « Parfait, deux branches de céleri avec le déjeuner de demain. Mais pas plus! »

Le chat sylvestre réfléchit un instant puis il se mit à balancer l’extrémité de sa queue pour lui signifier son accord. Il se dressa sur ses pattes arrière de toute la hauteur de ses soixante centimètres et serra les genoux d'Honor entre ses membres intermédiaires tout en lui tapotant la cuisse avec ses pattes avant. Nimitz ne pouvait pas parler malgré un degré d'intelligence que les lointains tendaient malheureusement à sous-estimer, mais elle s’avait ce qu'il voulait. Il se manifesta de nouveau, plus pressant, .et elle lui décocha un sourire tout en écartant de sa poitrine son justaucorps trempé de sueur et en se servant de sa main libre comme d'un éventail pour se rafraîchir le visage.

« Hors de question, mon beau! Je ne vais sûrement pas m'exposer à tes griffes avec un vêtement si léger. »

Il renifla et réussit à prendre un air à la fois dédaigneux, digne de confiance et pitoyable avant de se lancer dans un ronronnement sonore comme elle se radoucissait et le prenait dans ses bras. Elle ne commit pas l'erreur de l'installer dans sa position habituelle, sur ses épaules, et le chat se mit sur le dos en agitant ses deux paires de pattes dans les airs (la troisième tenait toujours le frisbee pendant qu'elle le caressait.

« Mon Dieu, quel chat gâté », lui dit-elle en enfonçant le nez dans la fourrure crème de son ventre. Il émit un enthousiaste « Blic» d'approbation lorsqu'elle prit la direction des douches.

Honor avait le gymnase pour elle toute seule : il était déjà tard dans la nuit officielle de l'Intrépide, et la plupart des membres d'équipage qui n'étaient pas de garde dormaient bien au chaud dans leur lit. Elle aurait dû suivre cet exemple mais, comme elle passait beaucoup trop de 'temps derrière son bureau, la « journée » ne comptait jamais assez d'heures pour qu'elle puisse en consacrer ne fût-ce qu'une seule à faire de l'exercice. De plus, l'horaire tardif de ses séances d'entraînement lui permettait de modifier la gravité sans gêner personne; toutefois, sa respiration bruyante et le frémissement de ses muscles épuisés lui indiquaient qu'elle n'y avait pas non plus sacrifié assez de temps sur ses nuits.

Elle entra dans le vestiaire, déposa Nimitz et, tout en enlevant son justaucorps, se fit la réflexion qu'elle devrait faire plus d'exercice. Le chat sylvestre rangea le frisbee dans son casier et adressa un regard dégoûté à sa maîtresse qui venait de laisser tomber par terre son vêtement imprégné de sueur avant d'entrer dans la douche.

L'eau chaude coulait comme un délice sur son corps et elle tourna le visage vers la pomme de douche tout en tendant la main vers le distributeur de savon. Oui, elle avait vraiment besoin de consacrer plus de temps au sport. Et, à ce propos, il était grand temps qu'elle se trouve un nouveau partenaire de combat. Le lieutenant Wisner faisait bien l'affaire mais on l'avait transféré pendant le radoub de l'Intrépide, une opération classique de rotation du personnel, et Honor savait qu'elle avait repoussé le moment de lui trouver un remplaçant par manque de temps.

Elle fronça les sourcils sous sa douche et fit mousser le shampooing dans ses cheveux courts et bouclés. L'adjudant-chef Babcock, l'officier le plus ancien en grade du détachement de fusiliers, pourrait être un bon choix. Voire un trop bon choix. Cela faisait bien longtemps qu'Honor avait quitté l'équipe de combat à mains nues de l'Académie et, à en croire son dossier, Iris Babcock parviendrait probablement à la mettre hors d'état de nuire sans suer une goutte. Et une issue si embarrassante l'encouragerait sans doute à revenir au meilleur de sa forme très rapidement, se dit Honor en se rinçant une dernière fois avant d’éteindre la douche.

Elle regagna les vestiaires en dégoulinant et attrapa une sert lune propre. Nimitz se pelotonna sur un banc et attendit patiemment tandis qu'elle se séchait, enfilait son uniforme et se frictionnait ses cheveux encore humides du béret blanc de capitaine, mais il était plus que prêt à bondir sur ses épaulettes — renforcées à cet effet - une fois qu'elle fut parée.

Elle l'éleva sur son perchoir et se dirigea vers ses quartiers. Elle aurait vraiment dû aller se coucher mais il lui restait encore un peu de paperasserie à remplir et elle se rendit donc à sa cabine plutôt qu'à sa chambre.

Le passage de sa main devant un scanner augmenta l'éclairage et elle gagna son bureau, déterminée à ne pas laisser le hublot panoramique qui s'élevait de ses genoux au plafond la distraire avant la fin de sa corvée. Elle s'autorisa juste une pause pour inspecter le module de survie — du sur-mesure pour chat sylvestre — fixé à la cloison à côté de son bureau. C'était le dernier modèle, doté de tout un tas de sifflets et de sonnettes, d'une résistance accrue et de dispositifs de sécurité supplémentaires. Mais il était aussi tout neuf, et si son emploi du temps prévoyait la vérification quotidienne du module, elle comptait bien l'inspecter aussi à chaque fois qu'elle passait devant tant que toutes ses caractéristiques ne lui seraient pas familières.

Nimitz, depuis son épaule, eut un doux ronronnement d'approbation. Il savait bien à quoi — et à qui — ce module devait servir, et son expérience personnelle faisait de lui un fervent partisan de ces inspections consciencieuses. Elle sourit en l'entendant et redressa soigneusement une plaque murale dorée déformée par la chaleur avant de s'asseoir derrière son bureau.

Elle avait à peine allumé son terminal que MacGuiness apparut une tasse fumante à la main, et elle se demanda une fois de plus s'il avait branché un mouchard sur les circuits de son ordinateur. Il semblait toujours faire son apparition, comme par magie, à l'instant où elle accédait au système, et malgré l'heure tardive elle pouvait compter sur lui pour lui offrir le cacao doux et savoureux qu'elle aimait tant boire en travaillant.

Merci, Mac, fit-elle en prenant la tasse.

— De rien, commandant. » Le maître-intendant conclut ce rituel par un sourire. Il la suivait depuis sa précédente affectation, et ils s'étaient enfoncés dans un train-train confortable ces vingt-sept derniers mois. Il avait un peu trop tendance à la materner, mais Honor avait découvert – un peu honteuse – qu'elle ne voyait pas vraiment d'objection à se faire trop gâter.

Il regagna discrètement l'office et Honor se retourna vers son écran. Officiellement, elle n'était pas là pour soutenir la mission de l'amiral Courvosier. Non, elle était simplement l'officier le plus gradé dans l'escorte d'un convoi à destination du système Casca, situé vingt-deux années-lumière au-delà de l'Étoile de Yeltsin. Ni Yeltsin ni Casca ne jouissaient d'un voisinage galactique très recommandable, car les politiques des étoiles isolées se résumaient à peu de chose : nombreuses étaient celles qui avaient fait l'amère expérience des raids de pirates, et elles avaient toujours été tentées d'améliorer leur sort en envoyant elles-mêmes des corsaires à l'assaut des navires marchands de systèmes plus fortunés. La situation s'était beaucoup dégradée dernièrement, et Honor (ainsi que la Direction générale de la surveillance navale) soupçonnait fort que les intérêts de Havre dans la région n'étaient pas étrangers au phénomène. Ce soupçon expliquait en retour pourquoi l'Amirauté avait fourni au convoi une escorte de deux croiseurs et autant de contretorpilleurs.

Honor hocha la tête tandis que les rapports défilaient sur son écran. Ils avaient l'air bons, comme elle s'y attendait. Cette expédition représentait sa première occasion de commander sa propre escadre, mais si tous les capitaines de la Flotte étaient aussi efficaces que ses propres officiers, cette mission serait une promenade de santé.

Elle termina la lecture du dernier rapport et s'enfonça dans son fauteuil en sirotant son cacao pendant que Nimitz se pelotonnait sur le perchoir fixé à la cloison. Elle n'était guère impressionnée par certains membres de la délégation de diplomates emmenée par l'amiral Courvosier, mais elle n'avait pas encore eu de se plaindre de sa nouvelle fonction, hormis le fait qu'elle lui prenait énormément de temps. Et pour ça, se répéta-t-elle, elle ne pouvait s'en prendre qu'à elle-même. Andreas était parfaitement capable de diriger le vaisseau tout seul, et elle passait beaucoup trop de temps à s'inquiéter des manœuvres quotidiennes du renvoi, elle en était presque sûre. Elle avait toujours eu du mal à déléguer, mais ce n'était pas la seule raison cette fois. Elle aurait dû laisser Andreas s'occuper de l'Intrépide pour se consacrer au reste de l'escadre, mais c'était justement ce qu'elle souhaitait éviter. Non qu'elle ne fît pas confiance à Venizelos, mais elle craignait de perdre ce que tout capitaine de la Flotte aimait par-dessus tout : l'exercice actif de son autorité et de sa responsabilité en tant que seul maître après Dieu sur l'un des vaisseaux de Sa Majesté.

Elle eut un grognement fatigué et termina son cacao. MacGuiness le faisait à la perfection et sa richesse, sa douceur et ses calories constituaient une raison supplémentaire pour faire davantage d'exercice, pensa-t-elle avec un sourire. Puis elle se leva et alla se planter devant le hublot panoramique pour contempler l'étrange splendeur changeante de l'hyperespace.

Ce hublot était l'un des détails qu'Honor appréciait le plus dans son vaisseau. À bord de l'antique croiseur léger qui avait légué son nom et ses distinctions à l'actuel Intrépide, ses quartiers n'en comportaient pas, et ce panorama lui rappelait sans cesse à quel point l'univers était vaste. Le hublot offrait un spectacle relaxant tout en remettant les choses en perspective : c'était un rappel de la petitesse de l'homme face à l'immensité de la création, presque un défi. Dans un soupir, elle s'allongea sur le confortable divan au pied de la baie.

L'Intrépide et les autres vaisseaux du convoi chevauchaient les courants tortueux d'une onde gravitationnelle (une vague, comme disaient les marins) à laquelle on n'avait pas daigné donner de nom : elle devait se contenter d'un simple numéro. La cabine d'Honor se situait à peine à cent mètres en avant des noyaux d'impulsion de poupe et l'immense disque immatériel de la voile Warshawski arrière du croiseur, tremblotant et clignotant comme un vaste éclair gelé, dominait la baie de sa douce splendeur tout en tirant son énergie de la vague gravitationnelle. Son facteur d'accroche était réglé à une infime fraction de son efficacité totale, fournissant une accélération minime, exactement compensée par la décélération de la voile avant, afin de maintenir l'Intrépide à cinquante pour cent de la vitesse de la lumière. Le croiseur aurait pu atteindre une vélocité supérieure de vingt pour cent, mais la densité plus importante des particules composant les bandes hyper serait venue à bout des écrans de protection antiradiation des transporteurs bien avant ce stade.

Honor était absorbée dans la contemplation de la voile, fascinée comme toujours par sa beauté glaciale et fluide. Elle aurait pu éteindre les voiles de son vaisseau et le laisser continuer sur son élan, mais les Warshawski équilibraient délicatement la silhouette de l'Intrépide, comme deux pivots qui se faisaient magnifiquement pendant et dotaient le croiseur d'une capacité de réaction instantanée. La vague gravitationnelle qu'elles exploitaient n'avait guère plus d'un demi mois-lumière de profondeur pour un mois-lumière de largeur : c'était un vulgaire ruisselet, comparé aux Abîmes Rugissants, mais un ruisselet assez puissant pour faire bondir le vaisseau à une accélération de cinq mille gravités en moins de deux secondes. Et si les détecteurs de gravité de l'Intrépide remarquaient une turbulence inattendue plus avant, c'est peut-être précisément ce qu'il lui faudrait faire.

Honor se secoua et laissa son regard errer plus loin. La voile masquait tout ce qui se trouvait en arrière du vaisseau, mais l'étendue sans fond de l'hyperespace s'étirait vers l'avant et par le travers. Le transporteur le plus proche était distant d'un millier de kilomètres afin de laisser assez d'espace aux voiles des deux bâtiments, et à cette distance même un transporteur de cinq mégatonnes n'était qu'une poussière invisible à l'œil nu. Mais les yeux entrainés d'Honor perçurent le scintillement des voiles Warshawski du vaisseau comme d'étranges îlots, des concentrés de permanence dans le magnifique chaos de l'hyperespace, et derrière lui elle vit l'éclat d'un autre formidable navire marchand.

C’étaient ses navires marchands, se dit-elle. Sa responsabilité. Ils étaient lents, lourds, maladroits — le plus petit d'entre eux jaugeait six fois plus que l'Intrépide et ses trois cent mille tonnes mais totalement sans défense et remplis de marchandises dont la valeur combinée dépassait l'imagination. Rien que pour l'Étoile de Yeltsin, il y en avait pour plus de cent cinquante milliards de dollars manticoriens en équipement médical, éducatif, en machinerie lourde, outils de précision, ainsi qu'en ordinateurs et logiciel molcyrc destinés à mettre à jour la base industrielle locale. Tout cela était payé jusqu'au dernier cent par des "prêts" de la couronne -- de véritables cadeaux en fait. Ce détail suffisait à indiquer combien le gouvernement de la reine Élisabeth était prêt à sacrifier pour obtenir l'alliance que recherchait l'amiral Courvosier, et Honor devait veiller à ce que cette cargaison arrive à bon port.

Elle s'enfonça plus profondément dans les coussins du divan, la position allongée lui permettant de savourer le relâchement de ses muscles après le sport, et son regard noisette se fit lourd du fatigue. Aucun capitaine de la Flotte n'aimait escorter les convois. Les transporteurs ne jouissaient pas des puissantes voiles Warshawski et des compensateurs d'inertie dont étaient dotés les vaisseaux de guerre, et ils n'osaient donc pas s'aventurer plus haut que les bandes delta de l'hyperespace tandis que les navires de combat pouvaient exploiter les bandes êta, voire thêta. En ce moment par exemple, le convoi d'Honor voyageait au milieu d'une bande delta, ce qui transformait sa vitesse apparente de 0,5 c en une vitesse effective mille fois supérieure à celle de la lumière. À ce rythme, le voyage de trente et une années-lumière vers l'Étoile de Yeltsin allait leur prendre dix jours — un peu moins de neuf en réalité, d'après les horloges de bord. Seul, l'Intrépide n'aurait pas mis plus de quatre jours à effectuer le trajet.

Mais ce n'était pas un problème, se dit Honor, somnolente, tandis que Nimitz grimpait sur sa poitrine en ronronnant doucement. Il se pelotonna, cala son menton entre ses seins, et elle lui caressa gentiment les oreilles. Quatre jours ou bien dix, peu importait. Elle n'avait pas besoin de battre des records mais de mener ses marchandises à bon port; de plus, la protection commerciale faisait partie des usages pour lesquels les croiseurs étaient expressément étudiés et construits.

Elle bâilla et s'enfonça encore un peu plus dans le divan. Elle envisagea de se lever pour aller se mettre au lit, mais son regard ensommeillé ne quittait pas l'hyperespace, son gris et son noir vacillants, son pourpre et son vert intermittents. Changeant, sans étoiles, l'hyperespace rayonnait et vibrait, il lui faisait signe dans sa beauté infiniment variable; ses yeux se fermèrent sur le ronronnement de Nimitz, comme une berceuse pleine d'affection à l'arrière-plan de son esprit.

Le capitaine Honor Harrington n'eut pas la moindre réaction lorsque le maître-intendant MacGuiness entra dans sa cabine sur la pointe des pieds pour glisser sur elle une couverture. Il resta un instant debout à lui sourire, puis il s'en alla aussi discrètement qu'il était venu, et la lumière s'éteignit derrière lui.

 

Pour L'Honneur de la Reine
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